Enfants et marketing d’influence : encadrement, dérives et responsabilité des marques
Sur TikTok, YouTube ou Instagram, les enfants s’imposent comme de nouveaux visages de l’influence. Tantôt mis en scène par leurs parents, tantôt créateurs à part entière, ils apparaissent dans des vidéos sponsorisées, des campagnes de marques ou des formats du quotidien à fort impact. Cette visibilité soulève de nombreuses questions : jusqu’où peut-on aller ? Quel cadre juridique encadre ces pratiques ? Et surtout, quelle posture doivent adopter les marques et agences qui souhaitent intégrer des enfants dans leurs campagnes ? À l’heure où l’exigence sociétale en matière d’éthique numérique ne cesse de croître, cet article propose un éclairage complet sur les règles à suivre, les pièges à éviter et les opportunités à saisir pour bâtir un marketing d’influence plus respectueux de l’enfance.
Comprendre les enjeux : pourquoi les enfants sont devenus centraux dans l’influence
Une présence devenue naturelle sur les réseaux sociaux
Le contenu à vocation familiale s’est imposé comme une tendance lourde sur les plateformes sociales. Vlogs de parents, scènes de la vie quotidienne, tutoriels pour enfants, moments complices capturés en story : ces formats séduisent par leur authenticité et génèrent une forte connexion émotionnelle avec le public.
Les enfants, nouveaux leviers d’engagement pour les marques
Les marques l’ont bien compris : les enfants influencent de plus en plus les décisions d’achat, directement ou indirectement. Jouets, vêtements, goûters, loisirs : leur pouvoir prescripteur ne cesse de croître. Collaborer avec une famille ou un enfant très suivi devient un levier de notoriété et de conversion.
Une professionnalisation croissante des profils jeunes
Certains enfants disposent aujourd’hui d’une audience massive, gèrent un calendrier de publication structuré et collaborent avec de grandes marques. Cette montée en puissance s’accompagne de nouvelles responsabilités pour tous les acteurs impliqués : parents, agences, plateformes… et marques.

Un cadre juridique précis pour protéger les enfants influenceurs
La loi française : un dispositif pionnier
Depuis octobre 2020, la France encadre légalement l’activité des enfants influenceurs via une loi spécifique. Elle s’applique à tout mineur apparaissant de façon régulière dans des contenus monétisés.
Les obligations principales incluent :
La déclaration préalable de l’activité à l’administration,
Le dépôt obligatoire des revenus générés sur un compte bloqué jusqu’à la majorité,
Un droit à l’oubli numérique permettant à l’enfant de faire retirer ses contenus,
Des limitations en termes de durée de tournage et de conditions de travail, inspirées du secteur du spectacle.
Contenu occasionnel ou activité professionnelle : une distinction essentielle
La loi fait clairement la différence entre un enfant apparaissant ponctuellement dans une vidéo familiale et une activité commerciale structurée et récurrente. Cette nuance conditionne l’application du cadre légal.
Une attention particulière aux plateformes étrangères
Même si certaines plateformes comme YouTube, TikTok ou Instagram ne relèvent pas du droit français, les marques opérant avec des enfants en France doivent veiller à ce que leur campagne respecte les obligations nationales.

Marques et agences : des responsabilités qui ne se délèguent pas
Contractualiser en conformité avec la loi
Travailler avec un enfant dans le cadre d’une campagne suppose plus qu’un simple accord parental. Les marques et agences doivent :
S’assurer de la déclaration de l’activité,
Intégrer des clauses spécifiques dans les contrats (durée, droit à l’image, conditions de retrait),
Vérifier que les rémunérations respectent les obligations légales.
Éviter les risques réputationnels
Les polémiques autour de l’exploitation ou de la surexposition des enfants peuvent avoir des conséquences lourdes en termes d’image de marque. Un partenariat mal encadré peut rapidement devenir viral… pour de mauvaises raisons.
Éthique : adopter une influence respectueuse de l’enfance
Respecter le rythme et l’intimité des enfants
L’enfant ne doit pas être instrumentalisé. Cela implique :
De ne pas le forcer à apparaître,
De limiter les mises en scène émotionnelles ou scénarisées,
De préserver sa scolarité et son bien-être.
Obtenir son consentement, pas seulement celui des parents
Même jeune, un enfant doit pouvoir s’exprimer sur son envie (ou non) de participer. Ce dialogue, même informel, est fondamental pour construire une relation de confiance.
Mettre en place une charte de collaboration
Certaines marques et agences définissent aujourd’hui des codes de conduite internes pour encadrer les projets impliquant des enfants. Cela permet d’instaurer un cadre clair, partagé et évolutif.

Parents-influenceurs : entre rôle éducatif et posture commerciale
Qui contrôle le contenu : les parents ou l’enfant ?
Dans de nombreuses situations, les comptes sont gérés par les parents. Mais à mesure que l’enfant grandit, les questions de contrôle, de consentement et d’usage de son image deviennent centrales.
Une posture ambivalente : parent, manager ou producteur ?
La confusion des rôles peut entraîner des conflits d’intérêts, voire des dérives involontaires. Il est essentiel que les parents soient accompagnés, informés et outillés pour protéger leur enfant.
Un besoin croissant de médiation
Face à la complexité de ces situations, un accompagnement professionnel des familles créatrices (juridique, psychologique, éditorial) apparaît comme une nécessité pour garantir l’éthique et la pérennité de ces formats.
Repenser les formats : créer sans surexposer
Des exemples de bonnes pratiques inspirantes
Certaines campagnes montrent qu’il est possible de construire des récits puissants sans mise en avant excessive :
Contenus axés sur le jeu ou la découverte,
Présentation d’activités partagées plutôt que de l’enfant seul,
Valorisation de l’expérience familiale dans son ensemble.
Vers de nouveaux récits et formats plus protecteurs
Les tendances évoluent vers :
L’anonymisation partielle (visages floutés, voix modifiées),
L’utilisation d’avatars ou de dessins animés,
Des récits racontés du point de vue de l’enfant, sans le filmer directement.
Ces approches permettent de préserver l’intimité tout en conservant l’impact émotionnel et la valeur pédagogique du contenu.

L’approche Ekow Flow : accompagner les marques avec sens et exigence
Une expertise issue de l’expérience terrain
Chez Ekow Flow, nous accompagnons des marques dans des campagnes d’influence à forte responsabilité, notamment autour des sphères familiales et éducatives. Sensibles aux enjeux liés à la représentation des enfants, nous intégrons ces dimensions dès les premières étapes de réflexion.
Nos conseils aux marques partenaires
Nous recommandons :
Une vérification rigoureuse de la conformité légale,
Une co-construction des contenus avec les familles,
Une modération des formats narratifs pour éviter toute instrumentalisation,
La mise en place d’un code éthique clair.
Loin de brider la créativité, cette approche renforce la crédibilité et la durabilité des campagnes.
Conclusion
La présence d’enfants dans les campagnes d’influence n’est pas illégitime. Mais elle engage. Les marques, agences et plateformes doivent jouer un rôle actif pour encadrer les pratiques, protéger les mineurs et proposer des formats respectueux. En conciliant légalité, éthique et créativité, il est possible de construire un marketing d’influence à la fois performant et bienveillant.